Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/115

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étaient, devinrent d’une belle couleur de rose. Une vapeur suave se fit délicieusement sentir ; les colonnes de marbre jetèrent des sons harmonieux, et les cornes liquéfiées exhalèrent un parfum ravissant. Carathis, en extase, jouissait d’avance du succès de ses conjurations ; tandis que les muets et les négresses, à qui les bonnes odeurs donnaient la colique, se retirèrent dans leurs tanières en grommelant.

Dès qu’ils furent partis, la scène changea. Le bûcher, les cornes et les momies firent place à une table magnifiquement servie. On y voyait au milieu d’une foule de mets exquis des flacons de vin, et des vases de Fagfouri où un sorbet excellent reposait sur la neige. Le Calife fondit sur tout cela comme un vautour, et dévorait un agneau aux pistaches ; mais Carathis, occupée de tous autres soins, tirait d’une urne de filigrane un parchemin roulé dont on ne voyait pas la fin, et que son fils n’avait pas même aperçu. Finissez donc, glouton, lui dit-elle d’un ton imposant, et