Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/114

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Ces malheureux ne tardèrent pas à paraître. Essoufflés d’avoir monté si vite onze mille degrés, au désespoir que leurs seaux fussent presque vides, ils n’étaient pas plus tôt arrivés que l’éclat des flammes et l’odeur des momies offusquèrent tous leurs sens à la fois : ce fut dommage, car ils ne voyaient pas le sourire agréable avec lequel les muets et les négresses leur passaient la corde au col ; mais tout n’était pas perdu, car ces aimables personnes ne se réjouissaient pas moins d’une telle scène. Jamais on n’étrangla avec plus de facilité ; chacun tombait sans résistance et expirait sans pousser un cri : de sorte que Vathek se trouva bientôt environné des corps de ses plus fidèles sujets, qu’on jeta sur le bûcher. Carathis, qui pensait à tout, crut en avoir assez ; elle fit tendre les chaînes et fermer les portes d’acier qui se trouvaient sur le passage.

On avait à peine exécuté ces ordres que la tour trembla ; les cadavres disparurent, et les flammes, de sombre cramoisi qu’elles