Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous importe ce que tu as pensé, ou ce que tu penses, s’écria Carathis ! Va, cours dire à Morakanabad que nous voulons lui parler, et surtout ne t’arrête pas pour faire tes insipides réflexions.

Le grand visir arriva sans délai, Vathek et sa mère le reçurent avec beaucoup de gravité, lui dirent d’un ton plaintif que le feu du sommet de la tour était éteint ; mais que par malheur il en avait coûté la vie aux braves gens qui étaient venus à leur secours.

Encore des malheurs ! s’écria Morakanabad en gémissant : ah ! Commandeur des Fidèles ; notre saint Prophète est sans doute irrité contre nous : c’est à vous à l’apaiser. Nous l’apaiserons de reste, répondit le Calife, avec un sourire qui n’annonçait rien de bon. Vous aurez assez de loisir pour vaquer à vos prières ; ce pays m’abîme la santé, je veux changer d’air : la montagne aux quatre sources m’ennuie, il faut que je boive du ruisseau de Rocnabad, et me rafraîchisse dans les beaux val-