Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/122

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Le Calife se trouvait dans ce moment retenu en un lieu peu convenable pour recevoir des ambassadeurs. Il entendit la voix de Bababalouk qui criait derrière les portières : Voici l’excellent Edris Al Shafei et le séraphique Mouhateddin, qui apportent le balai de la Mecque, et qui avec des larmes de joie désirent ardemment de le présenter à Votre Majesté. — Qu’on porte ce balai ici, dit Vathek ; il peut y être de quelque utilité. — Comment ? répondit Bababalouk, hors de lui. — Obéis ! reprit le Calife, car c’est ma volonté suprême ; c’est ici, et nulle autre part, que je veux recevoir ces bonnes gens qui te mettent en extase.

L’eunuque s’en alla en murmurant, et dit au vénérable cortège de le suivre. Une sainte joie se répandit parmi ces respectables vieillards, et, quoique fatigués de leur long voyage, ils suivirent Bababalouk avec une agilité qui tenait du miracle. Ils enfilèrent les augustes portiques et trouvaient bien flatteur que le Calife ne les reçût pas, comme des gens ordinaires, dans la salle