Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/123

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d’audience. Bientôt ils parvinrent dans l’intérieur du sérail, où, à travers de riches portières de soie, ils crurent apercevoir de grands beaux yeux bleus et noirs qui allaient et venaient comme des éclairs. Pénétrés de respect et d’étonnement, et pleins de leur mission céleste, ils s’avançaient en procession vers de petits corridors qui semblaient n’aboutir à rien, et les conduisaient à cette petite cellule, où le Calife les attendait.

Le Commandeur des Fidèles serait-il malade, disait tout bas Edris Al Shafei à son compagnon ? — Il est sans doute à son oratoire, répondit Al Mouhateddin. Vathek qui entendait ce dialogue, leur cria : Que vous importe où je suis ? avancez toujours. Alors il sortit la main à travers la portière, et demanda le sacré balai. Chacun se prosterna avec respect, aussi bien que le corridor le permit, et même dans un assez beau demi-cercle. Le respectable Edris Al Shafei tira le balai des linges brochés et parfumés qui en défendaient la vue aux