Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/126

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déjà monter en triomphe sur le trône de Suleïman.

Le peuple n’était pas moins content que lui. Chacun mettait la main à l’œuvre, pour hâter le moment qui devait le délivrer de la tyrannie d’un maître si bizarre.

Le jour qui précéda le départ de ce prince insensé, Carathis crut devoir lui renouveler ses conseils. Elle ne cessait de répéter les décrets du parchemin mystérieux qu’elle avait appris par cœur, et recommandait surtout de n’entrer chez qui que ce fût pendant le voyage. Je sais bien, lui disait-elle, que tu es friand de bons plats et de jeunes filles ; mais contente-toi de tes anciens cuisiniers qui sont les meilleurs du monde, et souviens-toi que dans ton sérail ambulant il y a pour le moins trois douzaines de jolis visages auxquels Bababalouk n’a pas encore levé le voile. Si ma présence n’était pas nécessaire ici, je veillerais moi-même à ta conduite. J’aurais grande envie de voir ce palais souterrain, rempli d’objets intéressants pour les