Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/69

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des sabres, dont les lames jetaient un feu éblouissant. Le Calife voulut les avoir, et se promettait de déchiffrer à loisir des caractères inconnus qu’on y avait gravés. Sans demander au marchand quel en était le prix, il fit apporter devant lui tout l’or monnayé du trésor, et lui dit de prendre ce qu’il voudrait. Celui-ci prit peu de chose, et en gardant un profond silence.

Vathek ne douta point que le silence de l’inconnu ne fût causé par le respect que lui inspirait sa présence. Il le fit avancer avec bonté, et lui demanda d’un air affable qui il était, d’où il venait, et où il avait acquis de si belles choses ? L’homme, ou plutôt le monstre, au lieu de répondre à ces questions, frotta trois fois son front plus noir que l’ébène, frappa quatre fois sur son ventre dont la circonférence était énorme, ouvrit de gros yeux qui paraissaient deux charbons ardents, et se mit à rire avec un bruit affreux en montrant de larges dents couleur d’ambre rayée de vert.