Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/73

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fils à lui-même. Après qu’elle l’eût fait mettre au lit, elle s’assit auprès et tâcha par ses discours de le consoler et de le tranquilliser. Personne ne pouvait mieux y parvenir. Vathek l’aimait et la respectait, comme une mère, mais encore comme une femme douée d’un génie supérieur. Elle était Grecque et lui avait fait adopter tous les systèmes et les sciences de ce peuple, en honneur parmi les bons Musulmans.

L’astrologie judiciaire était une de ces sciences, et Carathis la possédait parfaitement. Son premier soin fut donc de faire ressouvenir à son fils de ce que les étoiles lui avaient promis, et elle proposa de les consulter encore. Hélas ! lui dit le Calife, dès qu’il put parler, je suis un insensé, non d’avoir donné quarante mille coups de pied à mes gardes, qui se sont sottement laissé mourir ; mais parce que je n’ai pas réfléchi que cet homme extraordinaire était celui que les planètes m’avaient annoncé. Au lieu de le maltraiter, j’aurais dû essayer de le gagner par la douceur et