Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/75

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expliqueront ces mots barbares que vous n’entendez pas, et qu’il est au-dessous de vous d’entendre ; bientôt vous serez satisfait. Cela peut être ! dit le Calife ; mais en attendant je serai excédé par une foule de demi-savants, qui feront cet essai autant pour avoir le plaisir de bavarder que pour obtenir la récompense. Après un moment de réflexion, il ajouta : Je veux éviter cet inconvénient. Je ferai mourir tous ceux qui ne me satisferont pas ; car, grâce au Ciel, j’ai assez de jugement pour voir si l’on traduit ou si l’on invente !

Oh ! pour cela, je n’en doute pas, répondit Carathis. Mais faire mourir les ignorants est une punition un peu sévère, et qui peut avoir de dangereuses conséquences. Contentez-vous de leur faire brûler la barbe ; les barbes ne sont pas aussi nécessaires dans un État que les hommes. Le Calife se rendit encore aux raisons de sa mère, et fit appeler son premier Visir. Morakanabad, lui dit-il, fais annoncer par un crieur public, dans Saramah et dans toutes les villes de