Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/76

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mon empire, que celui qui déchiffrera des caractères, qui paraissent indéchiffrables, aura des preuves de cette libéralité connue de tout le monde ; mais qu’à défaut de succès, on lui brûlera la barbe jusqu’au moindre poil. Qu’on publie aussi que je donnerai cinquante belles esclaves, et cinquante caisses d’abricots de l’île de Kirmith, à qui m’apprendra des nouvelles de cet homme étrange que je veux revoir.

Les sujets du Calife, à l’exemple de leur maître, aimaient beaucoup les femmes et les caisses d’abricots de l’île de Kirmith. Ces promesses leur firent venir l’eau à la bouche, mais ils n’en tâtèrent pas ; car personne ne savait ce qu’était devenu l’étranger. Il n’en fut pas de même de la première demande du Calife. Les savants, les demi-savants et tous ceux qui n’étaient ni l’un ni l’autre, mais qui croyaient être tout, vinrent courageusement hasarder leur barbe, et tous la perdirent. Les eunuques ne faisaient autre chose que de brûler des barbes ; ce qui leur donnait une odeur de