Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rible étranger qu’ils accusaient d’être l’auteur du charme.

À quelques milles de Samarah, était une haute montagne couverte de thym et de serpolet ; une plaine délicieuse en couronnait le sommet ; on l’aurait prise pour le paradis destiné aux fidèles musulmans. Cent bosquets d’arbustes odoriférants, et autant de bocages où l’oranger, le cèdre et le citronnier offraient, en s’entrelaçant avec le palmier, la vigne et le grenadier, de quoi satisfaire également le goût et l’odorat. La terre y était jonchée de violettes ; des touffes de giroflées embaumaient l’air de leurs doux parfums. Quatre sources claires, et si abondantes qu’elles auraient pu désaltérer dix armées, ne semblaient couler en ce lieu que pour mieux imiter le jardin d’Éden arrosé des fleuves sacrés. Sur leurs bords verdoyants, le rossignol chantait la naissance de la rose, sa bien-aimée, et se plaignait du peu de durée de ses charmes ; la tourterelle déplorait la perte de plaisirs plus réels, tandis que l’alouette saluait par