Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/91

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livrée au pillage. Enfin, le maudit Indien, sous cette forme de boule, après avoir parcouru les rues, les places publiques, laissa la ville déserte, prit la route de la plaine de Catoul, et enfila une vallée au pied de la montagne des quatre sources.

L’un des côtés de cette vallée était bordé d’une haute colline ; de l’autre était un gouffre épouvantable formé par la chute des eaux. Le calife et la multitude qui le suivait craignirent que la boule n’allât s’y jeter, et redoublèrent d’efforts pour l’atteindre, mais ce fut en vain ; elle roula dans le gouffre, et disparut comme un éclair.

Vathek se serait sans doute précipité après le perfide Giaour, s’il n’avait été retenu comme par une main invisible. La foule s’arrêta aussi ; tout devint calme. On se regardait d’un air étonné ; et, malgré le ridicule de cette scène, personne ne rit. Chacun, les yeux baissés, l’air confus et taciturne, reprit le chemin de Samarah, et se cacha dans sa maison, sans penser qu’une force irrésistible pouvait seule porter à