Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/95

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Le malheureux Calife promit tout. Aussitôt le ciel s’éclaircit, et, à la lueur des planètes qui semblaient enflammées, Vathek vit la terre entr’ouverte. Au fond paraissait un portail d’ébène. L’Indien, étendu devant, tenait en sa main une clef d’or, et la faisait résonner contre la serrure.

Ah ! s’écria Vathek, comment puis-je descendre jusqu’à toi sans me rompre le col ? Viens me prendre, et ouvre ta porte au plus vite. — Tout beau ! répondit l’Indien : sache que j’ai grand soif, et que je ne puis ouvrir qu’elle ne soit étanchée. Il me faut le sang de cinquante enfants : prends-les parmi ceux de tes visirs et des grands de la Cour… Ni ma soif ni ta curiosité ne seront satisfaites. Retourne donc à Samarah ; apporte-moi ce que je désire ; jette-le toi-même dans ce gouffre : alors tu verras.

Après ces paroles, l’Indien tourna le dos ; et le Calife, inspiré par les démons, se résolut au sacrifice affreux. Il fit donc semblant d’avoir repris sa tranquillité, et s’achemina vers Samarah aux acclama-