Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/96

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tions d’un peuple qui l’aimait encore. Il dissimula si bien le trouble involontaire de son âme, que Carathis et Morakanabad y furent trompés comme les autres. On ne parla plus que de fêtes et de réjouissances. On mit même sur le tapis l’histoire de la boule, dont personne n’avait encore osé ouvrir la bouche : partout on en riait ; cependant (ont le monde n’avait pas sujet d’en rire. Plusieurs étaient encore entre les mains des chirurgiens, à la suite des blessures reçues dans cette mémorable aventure.

Vathek était très aise qu’on le prît sur ce ton, parce qu’il voyait que cela le conduirait à ses abominables fins. Il avait un air affable avec tout le monde, surtout avec ses visirs et les grands de sa Cour. Le lendemain, il les invita à un repas somptueux. Peu à peu il fit tomber la conversation sur leurs enfants, et demanda d’un air de bienveillance qui d’entre eux avait les plus jolis garçons ? Aussitôt, chaque père s’empresse à mettre les siens au-dessus de ceux des