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VATHEK,

qu’elle ! Tu crois que je laisserai flétrir ses charmes sous des mains si lâches & si foibles ! non, c’est dans mes bras qu’elle doit passer sa vie ; tel est mon plaisir ! Retire-toi, & ne trouble pas cette nuit, que je consacre au culte de ses attraits. L’Emir outré tira alors son sabre, le présenta à Vathek, & tendant son col, il lui dit d’un ton ferme : Seigneur, frappez votre hôte infortuné ; il a trop vécu puisqu’il a le malheur de voir que le Vicaire du Prophète viole les saintes loix de l’hospitalité. Nouronihar, qui avoit resté interdite pendant toute cette scène, ne put soutenir davantage le combat des diverses passions qui bouleversoient son ame. Elle tomba en défaillance, & Vathek, aussi effrayé pour sa vie, que furieux de trouver de la résistance, dit à Fakreddin : secourez votre fille ! & il se retira en lui lançant son terrible regard. Le malheureux Emir tomba sur le champ à la renverse, baigné dans une sueur mortelle.

Gulchenrouz, de son côté, s’étoit échappé des mains de Bababalouk, & revenoit en ce moment, lorsqu’il vit Fakreddin & sa fille étendus par terre. Il cria au secours, tant qu’il put. Ce pauvre enfant tâchoit de ranimer Nouronihar par ses caresses. Pâle & haletant, il ne cessoit de baiser la