& une pyramide de bois. Elle étoit faite de bûches arrangées avec beaucoup d’exactitude, & servoit à l’entretien du feu ; car il faisoit froid dans les creux de ces montagnes.
Vers le soir, on alluma deux grands feux sur le bord du lac ; on tira les deux jolis corps de leurs cercueils, & ils furent posés doucement dans la même cabane, sur un lit de feuilles sèches. Les deux nains se mirent à reciter l’Alcoran avec leurs voix claires & argentines. Shaban & Sutlemémé se tenoient debout, à quelque distance, & attendoient avec beaucoup d’inquiétude que la poudre eût fait son effet. Enfin, Nouronihar & Gulchenrouz étendirent foiblement les bras, & ouvrant les yeux ils regardèrent avec le plus grand étonnement tout ce qui les entouroit. Ils essayèrent même de se lever ; mais les forces leur manquant, ils retombèrent sur leur lit de feuilles. Aussi-tôt, Sutlemémé leur fit avaler d’un cordial dont l’Emir l’avoit munie.
Alors, Gulchenrouz se réveilla tout-à-fait, éternua bien fort, & se leva avec un élan qui marquoit toute sa surprise. Lorsqu’il fut hors de la cabane, il huma l’air avec une extrême avidité, & s’écria : je respire, j’entends des sons, je vois un firmament semé d’étoiles ! j’existe