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de la table. Sa générosité étoit sans bornes, & ses débauches sans retenue. Il ne croyoit pas comme Omar Ben Abdalaziz3, qu’il fallût se faire un enfer de ce monde, pour avoir le paradis dans l’autre.

Il surpassa en magnificence tous ses prédécesseurs. Le palais d’Alkorremi bâti par son père Motassem sur la colline des chevaux pies, & qui commandoit toute la ville de Samarah4, ne lui parut pas assez vaste. Il y ajouta cinq aîles, ou plutôt cinq autres palais, & il destina chacun à la satisfaction d’un des sens.

Dans le premier de ces palais, les tables étoient toujours couvertes des mets les plus exquis. On les renouvelloit nuit & jour, à mesure qu’ils se refroidissoient. Les vins les plus délicats & les meilleures liqueurs, couloient à grands flots de cent fontaines qui ne tarissoient jamais. Ce palais s’appelloit le Festin éternel ou l’Insatiable.

On nommoit le second palais le Temple de la mélodie, ou le Nectar de l’ame. Il étoit habité par les premiers musiciens & poëtes de ce temps. Après qu’ils avoient exercé leurs talens dans ce lieu, ils se dispersoient par bandes, & faisoient retentir tous ceux d’alentour de leurs chants5.

Le palais nommé les Délices des yeux, ou le