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VATHEK,

retour. Je le crois bien, s’écria Gulchenrouz, & j’en suis charmé ; car je pense que c’est son horrible œillade qui nous a envoyés ici manger du riz, & entendre des sermons.

Une semaine s’écoula à-peu-près de la même manière sur les bords du lac. Nouronihar pensoit aux grandeurs que son ennuyeuse mort lui avoit fait perdre ; & Gulchenrouz faisoit des prières & des paniers de joncs avec les nains, qui lui plaisoient infiniment.

Pendant que cette scène d’innocence se passoit au sein des montagnes, le Calife en donnoit une autre chez l’Emir. Il n’eut pas plutôt repris l’usage de ses sens, qu’avec une voix qui fit tressaillir Bababalouk, il s’écria : perfide Giaour ! c’est toi qui as tué ma chère Nouronihar ; je renonce à toi, & demande pardon à Mahomet ; il me l’auroit conservée si j’avois été plus sage. Allons, qu’on me donne de l’eau pour faire mes ablutions, & que le bon Fakreddin vienne ici, pour que je me réconcilie avec lui & que nous fassions la prière. Après cela, nous irons ensemble visiter le sepulcre de l’infortunée Nouronihar. Je veux me faire hermite, & passer mes jours sur cette montagne pour y expier mes crimes. Et que mangerez-vous là, lui dit Bababalouk ?