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CONTE ARABE

je n’en fais rien, repartit Vathek; je te le dirai quand j’aurai appétit : ce qui ne m’arrivera, je crois, de long-tems.

L’arrivée de Fakreddin interrompit cette conversation. Dès que Vathek le vit, il lui sauta au col, & le baigna de ses larmes, en lui disant de choses si pieuses, que l'Emir en pleuroit de joie, & se félicitoit tout bas de l'admirable conversion qu’il venoit d’opérer. On comprend qu’il n’osoit pas s’opposer au pélerinage de la montagne ; ils se mirent donc chacun dans leur litière & partirent.

Malgré l'attention avec laquelle on veilloit sur le Calife, on ne put empêcher qu’il ne se fit quelques égratignures sur le lieu où l'on disoit que Nouronihar étoit enterrée. L’on eut grand'-peine à l'en arracher, & il jura solemnellement qu’il y reviendroit tous les jours, ce qui ne plut pas trop à Fakreddin ; mais il se flattoit que le Calife ne se hasarderoit pas plus avant, & qu’il se contenteroit de faire ses prières dans la caverne de Meimouné; d'ailleurs, le lac étoit si caché dans les rochers, qu’il ne croyoit pas possible de le trouver. Cette sécurité de l’Emir étoit augmentée par la conduite de Vathek. Il tenoit bien exactement sa résolution, & revenoit