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Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/160

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VATHEK,

ces draperies, & entrèrent dans un vaste tabernacle tapissé de peaux de léopards. Un nombre infini de vieillards à longue barbe, d’Afrites en complette armure, étoient prosternés devant les degrés d’une estrade, au haut de laquelle, sur un globe de feu, paroissoit assis le redoutable Eblis. Sa figure étoit celle d’un jeune homme de vingt ans, dont les traits nobles & réguliers, sembloient avoir été flétris par des vapeurs malignes. Le désespoir & l’orgueil étoient peints dans ses grands yeux, & sa chevelure ondoyante tenoit encore un peu de celle d’un ange de lumière. Dans sa main délicate, mais noircie par la foudre, il tenoit le sceptre d’airain, qui fait trembler le monstre Ouranbad67, les Afrites, & toutes les puissances de l’abîme.

À cette vue, le Calife perdit toute contenance, & se prosterna la face contre terre. Nouronihar, quoiqu’éperdue, ne pouvoit s’empêcher d’admirer la forme d’Eblis, car elle s’étoit attendue à voir quelque géant effroyable. Eblis, d’une voix plus douce qu’on auroit put la supposer, mais qui portoit la noire mélancolie dans l’ame, leur dit : créatures d’argile, je vous reçois dans mon empire ; vous êtes du nombre de mes adorateurs, jouissez de tout ce que ce palais offre à votre vue,