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CONTE ARABE

au travers duquel on découvroit son cœur brûlant dans les flammes. À cette terrible vue, Nouronihar tomba comme pétrifiée dans les bras de Vathek : ô Giaour ! s’écria ce malheureux prince, dans quel lieu nous as-tu conduit ? Laisse-nous en sortir ; je te tiens quitte de toutes tes promesses. Ô Mahomet ! n’y a-t-il plus de miséricorde pour nous ? Non, il n’y en a plus, répondit le malfaisant Dive ; sache que c’est ici le séjour du désespoir & de la vengeance ; ton cœur sera embrasé comme celui de tous les adorateurs d’Eblis ; peu de jours te sont donnés avant ce terme fatal, employe-les comme tu voudras ; couche sur des monceaux d’or, commande aux puissances infernales ; parcours tous ces immenses souterreins à ton gré, aucune porte ne te sera fermée ; quant à moi j’ai rempli ma mission, & je te laisse à toi-même. En disant ces mots, il disparut.

Le Calife & Nouronihar restèrent dans un accablement mortel ; leurs larmes ne pouvoient couler, à peine pouvoient-ils se soutenir ; enfin, ils se prirent tristement par la main, & sortirent en chancelant de cette salle funeste, sans savoir où ils alloient. Toutes les portes s’ouvroient à leur approche, les Dives se prosternoient devant