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CONTE ARABE

principes impies par lesquels Carathis a perverti ma jeunesse, qui ont causé ma perte & la tienne : ah ! que du moins elle souffre avec nous ! En disant ces douloureuses paroles, il appella un Afrite qui attisoit un brasier, & lui ordonna d’enlever la princesse Carathis du palais de Samarah, & de la lui amener.

Après avoir donné cet ordre, le Calife & Nouronihar continuèrent de marcher dans la foule silencieuse, jusqu’au moment où ils entendirent parler au bout d’une galerie. Présumant que c’étoient des malheureux qui, comme eux, n’avoient pas encore reçu leur arrêt final, ils se dirigèrent d’après le son des voix, & trouvèrent qu’elles partoient d’une petite chambre quarrée, où sur des sophas étoient assis quatre jeunes hommes de bonne mine & une belle femme, qui s’entretenoient tristement à la lueur d’une lampe. Ils avoient tous l’air morne & abattu, & deux d’entr’eux s’embrassoient avec beaucoup d’attendrissement. En voyant entrer le Calife & la fille de Fakreddin, ils se levèrent civilement, les saluèrent & leur firent place. Ensuite, celui qui paroissoit le plus distingué de la compagnie, s’adressant au Calife, lui dit : Étranger, qui sans doute êtes dans la même horrible attente que nous, puisque