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Page:Becq de Fouquières - Documents nouveaux sur André Chénier, 1875.djvu/175

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES.

d’être un Henri Etienne ou un Casaubon pour déchiffrer les mots grecs, abrégés on non, qu’on rencontre çà et là dans les manuscrits d’André Chénier. Il est plaisant que ce reproche lui soit l’ait par le nouvel éditeur qui n’a absolument rien compris à ces mots grecs et a accumulé contresens sur contre-sens dans les explications qu’il a tenté d’en donner.

On conçoit aisément le désappointement qu’éprouva de Latouche en parcourant ces manuscrits ; il avait espéré, sans aucun doute, y rencontrer de nombreuses pièces, entièrement terminées, prêtes à être publiées ; et au lieu de cela il se trouvait devant une œuvre considérable, mais à l’état fragmentaire. Dans ces innombrables fragments, il découvrait à chaque pas des beautés de premier ordre ; mais comment publier alors ces mille parties d’un tout qui n’avait jamais existé ? Il avait raison de se refuser à trouver un lien entre tous ces morceaux, que le poëte lui-même n’avait pas eu le temps de relier entre eux ; et il s’apercevait qu’André n’avait dit que la vérité quand il s’était écrié :

Rien n’est fait aujourd’hui, tout sera fait demain.

Ce lendemain, il l’avait reculé sans cesse ; et la mort était venue anéantir d’un seul coup tous ses projets ! Cependant de Latouche sentit qu’il y avait là une grande bataille littéraire à livrer, et il comprit que la gagner serait un titre impérissable à l’estime de la postérité. Il fit preuve alors du tact littéraire et le plus délicat et parfois