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Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/204

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Est-ce bien vous qui me parlez ?

DE LA ROSERAYE

Oui, c’est moi. Il n’y a que les vieux soldats, mon cher baron, pour aimer la paix. Si vous rêvez encore comme un jeune homme que le danger des chimères n’a pas guéri de leur poursuite, vous avez tort. Ma conviction est faite et bien faite aujourd’hui. Toutes les chances de la vie ne valent pas l’enjeu qu’on y expose, et celui-là seul qui prend le chemin battu, marche avec la vérité.

LE BARON

Philosophie vulgaire, mon cher de la Roseraye, qu’on ne trouvera jamais sur mes lèvres où elle serait pourtant plus excusable que dans votre bouche. Heureux dans vos périlleuses entreprises comme dans vos affections régulières, que demandez-vous donc de plus ?

DE LA ROSERAYE

Vous avez raison, cher maître, parlons de vous.

LE BARON

J’étais venu, mon ami, pour vous rappeler ma pension. Vous me l’avez servie longtemps malgré mes répugnances, et j’ai pris, je l’avoue, l’habitude d’y compter.

DE LA ROSERAYE