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Scène I


MADAME DE LA ROSERAYE


MADAME DE LA ROSERAYE

Pleure, malheureuse femme, tu n’avais pas encore assez souffert. Tu as été honnête, aimante et dévouée ; tu t’es dépouillée d’abord sans un reproche, tu t’es immolée sans une plainte ; tu as gardé ton rang avec dignité, tu as tenu ta maison avec sagesse ; tu croyais avoir gagné tes droits ou mériter au moins un peu de reconnaissance ; tu t’es trompée, tu n’es rien et on ne te doit rien ! Tu ne comptes pas plus qu’une servante ! Essaie donc de lever la tête ! Ose donc te l’aire entendre ! Marche à ton mari… et dis-lui que l’aveu de ses désastres serait moins douloureux que le spectacle de ses chagrins. Il te répondra que ses chagrins sont à lui depuis que tu as cessé de partager ses joies, et plutôt que de confesser sa ruine, il te reprocherait encore de l’avoir prévue. 0 hommes ! hommes ! que vous êtes légers, ingrats et cruels ! Vous choisissez