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Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/286

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MICHEL

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Regarde encore.

HÉLÈNE

Je ne me dédis pas.

MICHEL

Oui, c’est un diamant, sans valeur pour les autres, d’un prix inestimable pour moi. Ce diamant, c’est moi qui l’ai créé. Comment m’y suis-je pris, n’est-ce pas, et quels sont les secrets dont je dispose ? qu’importe à cette heure ! Un pédant te ferait le compte de toutes les analyses qu’il a tentées. Un inventeur t’apitoierait sur le récit de ses souffrances. Ne pensons qu’à ma découverte ; elle est là sous nos yeux, elle brille comme une étoile. N’en disons pas trop cependant et n’admirons encore qu’une création de laboratoire. Je sais ce que ce diamant unique m’a coûté d’efforts et de travaux, mais pour en produire des milliers semblables, je ne devrai ni ménager mes peines ni calculer avec le temps. Hélas 1 l’esprit dans ses conquêtes va moins vite que le cœur dans ses espérances. J’avais rêvé, mon Hélène, que le jour de ton mariage, une parure de ces diamants s’ajusterait à ta couronne d’orangers, et ces fruits de la science unis aux fleurs de la vertu auraient rayonné sur ton front comme le double symbole de la vie humaine ! Te voilà toute sotte.