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LES NOTIONS ANCIENNES D’ESPACE ET DE TEMPS

les grandeurs indépendantes de tout système de coordonnées ; nous allons montrer que, dans l’ancienne conception de l’univers, il existait deux invariants fondamentaux : l’intervalle de temps écoulé entre deux événements, et la forme des figures géométriques.

LE TEMPS ABSOLU. — Dans les idées anciennes on admet que le temps est un invariant : c’est l’hypothèse du temps universel et absolu. Il est intéressant de chercher quelle doit être l’origine de ce postulat. Imaginons un certain nombre de systèmes de référence en mouvement les uns par rapport aux autres ; dans chaque système se trouve un observateur, immobile par rapport à son système.

Deux événements et se produisent : pour l’observateur d’un des systèmes, est antérieur à . Pourquoi s’est-on cru obligé d’admettre que est nécessairement antérieur à pour tous les autres observateurs, c’est-à-dire qu’on ne peut, dans aucun cas, par un changement convenable du système de référence, inverser l’ordre de succession de deux événements ?

Cela tient à ce qu’on suppose implicitement que, puisque s’est montré antérieur à pour un des observateurs, il a pu être la cause de , ou tout au moins qu’il aurait pu influencer . Comme il serait absurde de supposer que, pour d’autres observateurs, l’effet puisse être antérieur à sa cause, on est conduit à penser que l’ordre de succession de deux événements est toujours bien déterminé, qu’il est le même dans tous les systèmes.

Demandons-nous maintenant pourquoi on admet que a toujours pu être prévenu de  : c’est parce qu’on suppose la possibilité d’une influence pouvant se propager instantanément. Or cette possibilité, non seulement est com-