Page:Becquerel - Exposé élémentaire de la théorie d’Einstein et de sa généralisation.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT

l’horloge qu’on a déplacée, à laquelle on a fait subir une accélération, ayant été plus court que le temps du système uniforme, cette horloge se trouve en retard sur l’autre horloge, de . C’est l’accélération qui a créé la dissymétrie ; on reconnaît ici le caractère absolu de l’accélération signalé à la fin du chapitre 1.

2o Dans les mêmes conditions, un échantillon de matière radioactive aura moins évolué que celui qui n’a pas été déplacé, qui n’a pas subi d’accélérations (M. Langevin).

3o Avec M. Langevin, imaginons qu’un observateur ait une machine lui permettant de quitter la terre et d’atteindre une vitesse fantastique. Supposons, pour fixer les idées, que cette vitesse soit inférieure de 1/20 000 seulement à la vitesse de la lumière. Pendant un an, le voyageur s’éloigne de la terre et il revient au bout de deux ans ; il n’a vieilli que de deux ans, car il a vécu le temps propre de son système[1], temps enregistré par ses horloges. Cependant, à son retour, il trouve sur la terre d’autres générations, et il apprend qu’il est parti depuis 200 ans. Il s’est transporté dans l’avenir de la terre, mais sans retour possible dans le passé.

Ces chiffres supposent que la vitesse a été atteinte très rapidement, ce qui serait évidemment impossible, même si l’homme disposait d’une énergie suffisante, car la force d’inertie due à l’accélération serait telle que le voyageur

  1. Nous posons en principe que la vie est constituée par une succession de phénomènes physico-chimiques qui se ramènent tous à des mouvements de molécules et d’électrons ; ces mouvements se succèdent dans le temps propre du voyageur, temps qui, entre deux événements communs au système du voyageur et au système terrestre (le départ et le retour) est, d’après ce qui a été dit plus haut, plus court que le temps terrestre.