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deuxième partie. — la relativité généralisée.

avec une précision qui dépasse le vingt-millionième : nous sommes loin d’écarts supérieurs au dix-millième.

Nous avons vu, d’autre part, que les petits écarts des masses atomiques résultent vraisemblablement de variations d’énergie interne lors de la formation des atomes (P. Langevin). Nous pouvons remarquer que ces écarts se constatent par des mesures de poids.

Nous sommes donc amenés à conclure que l’énergie est pesante et qu’il y a, dans un champ de gravitation déterminé, proportionnalité exacte entre le poids et la masse inerte de l’énergie.

Il était donc naturel d’admettre que l’énergie rayonnante, en particulier la lumière, est pesante, et l’on devait penser qu’un rayon lumineux s’incurve dans un champ de gravitation.

Einstein a d’abord appliqué la loi de Newton[1] ; le calcul de l’angle des asymptotes de la trajectoire hyperbolique suivie par un mobile, dont la vitesse à grande distance du Soleil serait a conduit au résultat suivant : un rayon lumineux dont la trajectoire passerait à la distance minimum du centre du Soleil devrait subir une déviation

étant la constante de la gravitation, et la masse du Soleil. Pour un rayon passant tangentiellement au bord du Soleil, on aurait 0″,87.

Mais la découverte de la loi réelle de la gravitation, faite plus tard par Einstein, a montré que la loi de Newton n’est qu’une approximation pour les faibles vitesses, et que la déviation d’un rayon lumineux doit être le double de la valeur précédente, c’est-à-dire 1″,74. Nous verrons que les observations ont vérifié l’exactitude de la loi d’Einstein.

54. La généralisation du principe de relativité.

La pesanteur de la lumière met pour la première fois la gravi-

  1. Ce premier raisonnement d’Einstein était hybride : il associait le point de vue de la propagation de la lumière, régie par les lois de l’électromagnétisme qui impliquent des actions de proche en proche à travers l’espace, avec le point de vue de la mécanique classique, celui des actions instantanées à distance.