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Page:Becquerel - Le Principe de relativité et la théorie de la gravitation, 1922.djvu/148

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deuxième partie. — la relativité généralisée.

sont des intersections de lignes d’Univers, absolues et par suite indépendantes de tout système de référence.

Voici une image, due à Eddington[1], qui fait comprendre la question : « Supposons tracé un réseau de lignes d’Univers et imaginons-le placé dans une masse gélatineuse. Si maintenant nous déformons cette gelée d’une manière quelconque, chaque ligne d’Univers se déforme, mais les intersections continuent à se succéder dans le même ordre et aucune intersection supplémentaire ne se trouvera créée. La gelée déformée nous donnera une histoire du monde aussi exacte qu’avant sa déformation, et il n’existe aucun critérium qui nous permette de dire qu’une des deux représentations est préférable à l’autre.

» Supposons maintenant que nous introduisions des divisions de l’espace et du temps, ce que nous pourrions faire en traçant des mailles rectangulaires dans les deux états successifs de la gelée. Nous avons maintenant deux manières de situer les lignes d’Univers et les événements dans l’espace et dans le temps, manière que nous devons traiter sur un pied d’égalité. Évidemment nous ne changeons rien au résultat si, au lieu de déformer d’abord la gelée puis d’introduire des mailles régulières, nous introduisons des mailles irrégulières dans une gelée non déformée. Tous les systèmes de mailles sont donc équivalents. »

Cependant, les effets de l’accélération paraissent contredire le principe généralisé. Par exemple, dans un véhicule un voyageur est renversé par suite d’un coup de frein trop brusque ; c’est là un effet bien réel et si l’on venait dire au voyageur que les lois des phénomènes sont les mêmes quel que soit l’état de mouvement du système, il ne serait pas convaincu. Nous avons déjà insisté sur le fait que l’accélération a une sorte de réalité physique absolue.

Il est donc clair que, dans un système non galiléen, le principe de relativité précédemment étudié ne s’applique pas tel quel. La suite nous montrera que la généralisation du principe nécessite l’introduction, dans chaque système, d’un champ de force appelé par Einstein champ de gravitation — particulier à ce système ; c’est précisément ce champ qui se manifeste se manifeste par les effets

  1. A.-S. Eddington, Space, Time and Gravitation. Traduction française par Jacques Rossignol, p. 109 (1921).