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deuxième partie. — la relativité généralisée.

propriétés d’une même entité ? Si l’Espace-Temps et la matière sont deux entités distinctes, les lois fondamentales sont des équations. Mais si nous admettons, avec M. Eddington, que les particules qui, en dernière analyse, constituent la matière ne sont autre chose qu’une singularité de la structure géométrique d’Univers, la matière cesse d’être une entité primordiale, les tenseurs mécaniques et physiques deviennent des tenseurs géométriques vus sous un aspect relatif à notre interprétation de la Nature, relatif à notre entendement.

Admettons cette conception. Est-ce dire que la loi de la gravitation, par exemple, est complètement subjective ? Non pas, au fond, car il existe un théorème : « la divergence du tenseur

est identiquement nulle », qui est une propriété intrinsèque de la structure de l’Univers, une vérité objective. Mais la loi de conservation de l’impulsion-énergie et la loi de la gravitation sont des aspects subjectifs de cette vérité. L’homme a recherché ce qui, dans la Nature, se présente à ses yeux comme permanent : il a trouvé les lois de conservation de la masse, de l’énergie, de la quantité de mouvement ; par synthèses successives, il a été conduit à identifier les grandeurs physiques qu’on peut grouper dans un tenseur, le tenseur avec les grandeurs qui constituent le tenseur de courbure conservatif écrit plus haut : c’est la loi de la gravitation, d’où découle toute la dynamique. On ne peut pas prétendre que la Nature force l’Univers à se courber dans les régions où il y a de la matière, et force la matière à suivre les lois de la dynamique, car c’est nous qui définissons la matière de façon que ces lois soient satisfaites ; ce que nous avons appelé tenseur impulsion-énergie n’est pas autre chose qu’un tenseur d’Univers conservatif ; notre loi de conservation, ainsi que notre loi de la gravitation ne sont, en somme, que des identités.

Les généralisations successives (Weyl, Eddington) de la théorie d’Einstein n’enlèvent aucune rigueur à cette théorie ; elles la complètent sans l’altérer. Ces généralisations établissent que le tenseur absolu est décomposable en deux tenseurs, et dans