Aller au contenu

Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à l’enfourchure. À travers la selle, qui est incrustée d’or, l’épée atteint le cheval. Il lui tranche l’échine sans chercher le joint, il abat le tout mort dans le pré, sur l’herbe drue. Puis il dit : « Fils de serf, vous vous mîtes en route à la malheure ! Mahomet ne vous donnera pas son aide. Un truand tel que vous ne gagnera point la bataille ! »

CV

Le comte Roland chevauche par le champ. Il tient Durendal, qui bien tranche et bien taille. Des Sarrasins il fait grand carnage. Si vous eussiez vu comme il jette le mort sur le mort, et le sang clair s’étaler par flaques ! Il en a son haubert ensanglanté, et ses deux bras et son bon cheval, de l’encolure jusqu’aux épaules. Et Olivier n’est pas en reste, ni les douze pairs, ni les Français, qui frappent et redoublent. Les païens meurent, d’autres défaillent. L’archevêque dit : « Béni soit notre baronnage ! Montjoie ! » crie-t-il, c’est le cri d’armes de Charles.

CVI

Et Olivier chevauche à travers la mêlée. Sa hampe s’est brisée, il n’en a plus qu’un tronçon. Il va frapper un païen, Malon. Il lui brise son écu, couvert d’or et de fleurons, hors de la tête fait sauter ses deux yeux, et la cervelle coule