phrase, tous ces textes. Au terme d’une longue et minutieuse étude, j’ai reconnu un fait essentiel, celui-ci. Je sais quinze passages où deux leçons s’affrontent, celle-ci offerte par le seul manuscrit d’Oxford, celle-là par tous les autres textes, d’accord entre eux. Les quinze fois, on peut démontrer que la leçon d’Oxford est irréprochable, que l’autre n’en est qu’un fâcheux remaniement, qui gâche tout. Les quinze fois (j’ai déjà publié, au tome III de mes Légendes épiques, cinq de ces observations), la leçon fautive donnée par tous les textes autres que le manuscrit d’Oxford est fautive de telle sorte qu’on est tenu de l’attribuer à un seul auteur responsable. D’où une vue générale des choses, qui se résume en cette unique proposition : le poème d’Oxford mis à part, les autres versions, françaises ou étrangères, de la Chanson de Roland procèdent toutes d’un même reviseur, lequel a le plus souvent revisé à contre-sens. Par suite, le texte d’Oxford a autant d’autorité à lui seul que tous les autres réunis, et l’on n’est tenu d’abandonner une leçon offerte par
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