Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ceux d’Espagne ont tués dans la bataille. Commandez qu’on les porte dans une même fosse. » Le roi dit : « Sonnez votre cor pour en donner l’ordre. »

CCXII

Geoffroi d’Anjou a sonné son cor. Les Français descendent de cheval, Charles l’a commandé. Tous leurs amis qu’ils retrouvent morts, ils les portent aussitôt à une même fosse. Il y a dans l’armée des évêques et des abbés en nombre, des moines, des chanoines, des prêtres tonsurés : ils leur donnent de par Dieu l’absoute et la bénédiction. Ils allument la myrrhe et le thimiame, ils les encensent tous avec zèle, puis les enterrent à grand honneur. Après, ils les laissent : que peuvent-ils pour eux, désormais ?

CCXIII

L’empereur fait appareiller pour l’ensevelissement Roland, et Olivier, et l’archevêque Turpin. Devant ses yeux il les a fait ouvrir tous trois. Il fait recueillir leurs cœurs dans un linceul de soie ; on les enferme dans un blanc cercueil de marbre (?). Puis on a pris les corps des trois barons et on les a mis, bien lavés d’aromates et de vin, en des peaux de cerf. Le roi appelle Tedbalt et Geboin, le comte Milon et Oton le marquis : « Emmenez-les sur trois chars… » Ils sont bien recouverts d’un drap de soie de Galaza.