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trente, qui furent tous pendus. Qui trahit perd les autres avec soi.

CCLXXXIX

ALORS s’en furent Bavarois et Allemands et Poitevins et Bretons et Normands. Tous sont tombés d’accord, et les Français les premiers, que Ganelon doit mourir en merveilleuse angoisse. On amène quatre destriers, puis on lui attache les pieds et les mains. Les chevaux sont ardents et rapides : devant eux, quatre sergents les poussent vers une jument, qui est au milieu d’un champ. Ganelon est venu à sa perdition. Tous ses nerfs se distendent, tous les membres de son corps se brisent, sur l’herbe verte son sang se répand clair. Ganelon est mort de la mort qui sied à un félon prouvé. Quand un homme en trahit un autre, il n’est pas juste qu’il s’en puisse vanter.

CCXC

QUAND l’empereur eut pris sa vengeance, il appela ses évêques de France, ceux de Bavière et ceux d’Allemagne : « En ma maison j’ai une noble prisonnière. Elle a entendu tant de sermons et de paraboles qu’elle veut croire en Dieu et demande à se faire chrétienne. Baptisez-la, pour que Dieu ait son âme. » Ils répondent : « Qu’on lui donne des marraines ! » […] Aux bains d’Aix…, ils baptisèrent la reine d’Espagne ; ils lui