Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/114

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— Moi ? je dis qu’il faut traverser la rivière ce soir, et sans barguigner.

— C’est qu’il n’y a point de bateau, et l’eau charrie en diable ! N’est-ce pas dangereux, Tom ?

— Je n’en sais rien ; tout ce que je sais, c’est qu’il faut traverser.

— Diable ! reprit Marks, s’agitant ; et, se rapprochant de la fenêtre, il ajouta : C’est noir comme la gueule d’un loup ! hé, Tom !

— Le court et le long, c’est que vous avez peur, Marks ; mais je ne puis qu’y faire ; il faut marcher. Prenez un jour ou deux de campos, vous leur donnez le temps, avec leurs manœuvres souterraines, de faire filer la fille jusqu’à Sandusky, et elle vous passera sous le nez.

— Oh ! je n’ai pas l’ombre de peur, dit Marks, seulement…

— Seulement, quoi ? demanda Tom.

— Le bac, parbleu ! — Vous voyez qu’il n’y a pas de bateaux.

— L’hôtesse a dit qu’il y en aurait un ce soir. Un batelier doit traverser. Nous risquons notre cou et passons avec lui, reprit Tom.

— Vous avez des chiens, sans doute, dit Haley.

— De premier choix, répliqua Marks. Mais à quoi bon ? nous n’avons rien à leur faire flairer.

— Si vraiment ! s’écria Haley d’un air de triomphe. J’ai là son châle oublié sur le lit dans sa hâte, et elle a laissé aussi son chapeau.

— Une vraie chance ! dit Loker. Allongez-moi ces guenilles.

— Gare cependant aux chiens, fit observer Haley. Ils pourraient, si l’on y va sans précaution, endommager fort l’article.

— C’est à considérer, répondit Marks. L’autre jour, à Mobile, nos chiens n’ont-ils pas mis un nègre plus d’à