Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/274

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— Oui, on vérité, répondit-il ; ce sont mes pensées, comme si je les eusse écrites.

— Eh bien, écoute encore, dit Siméon.

« Toutefois j’ai tâché de connaître ; mais cela m’a paru fort difficile :

« Jusqu’à ce que je sois entré aux sanctuaires du Dieu Fort, et que j’aie considéré la fin de ces gens là

« Quoi qu’il en soit, tu les as mis en des lieux glissants ; tu les fais tomber en des précipices.

« Ils sont comme un songe quand on s’est réveillé. Ô Seigneur, tu mettras en mépris leur éclat apparent, quand tu te réveilleras.

« Je serai donc toujours avec toi ; tu m’as pris par la main droite.

« Tu me conduiras par ton conseil, et puis tu me recevras dans ta gloire.

« Pour moi, approcher de Dieu, est mon bien ; j’ai mis toute mon espérance au Seigneur éternel. »

Ces saintes paroles de foi descendaient des lèvres du vieillard comme une musique sacrée ; elles pénétrèrent dans l’esprit irrité de Georges, et ses beaux traits prirent peu à peu une expression douce et résignée.

« Si tout finissait en ce monde, Georges, reprit Siméon, c’est alors que tu pourrais dire : Où est le Seigneur ? mais c’est souvent à ceux qui ont la moindre part en cette vie, qu’il réserve son royaume. Mets donc en lui ton espérance, et quoi qu’il te puisse arriver ici-bas, il te rendra justice un jour. »

Ces paroles, dites par quelque prédicant, austère pour autrui, indulgent pour lui-même, et débitées comme un lieu commun de pieuse rhétorique à l’usage des affligés, eussent manqué leur effet ; mais, venant d’un homme qui s’exposait tous les jours, avec calme, à l’amende et à la prison, pour servir une cause humaine et divine, elles avaient un poids immense : et les pauvres fugitifs désolés y puiseront un surcroît de force et de courage.