répondait à sa femme. Voit-il tout ce qu’ils font ? Pourquoi laisse-t-il arriver ces choses ? Ils nous disent que la Bible est pour eux : certes, ils ont le pouvoir ! Ils sont riches, bien portants, heureux : ils sont membres des églises, et comptent sur le ciel : leur vie coule facile en ce monde. Tout leur vient à souhait ! Et de pauvres, honnêtes, fidèles chrétiens, — aussi bons, ou meilleurs chrétiens qu’eux, — sont couchés dans la fange sous leurs pieds ! ils les achètent ; ils les vendent ; ils trafiquent de leur sang, de leur cœur, de leurs gémissements, de leurs larmes, — et Dieu le permet !
— Ami Georges, dit Siméon, de la pièce voisine, écoute ce psaume, il te fera du bien. »
Georges approcha sa chaise de la porte ; Éliza essuya ses pleurs, et tous deux prêtèrent l’oreille. Siméon lisait :
« Quant à moi, mes pieds m’ont presque manqué, et il s’en est peu fallu que mes pas n’aient glissé.
« Car j’ai porté envie aux insensés, en voyant la prospérité des méchants.
« Lorsque les hommes sont en travail, ils n’y sont point ; ils ne sont point frappés avec les autres hommes.
« C’est pourquoi l’orgueil les environne comme un collier, et la violence les recouvre comme un vêtement.
« Leurs yeux sont bouffis de graisse ; ils ont plus que leur cœur ne désire.
« Ils sont dissolus et parlent malicieusement d’opprimer ; ils parlent avec hauteur.
« Ils portent leur bouche jusqu’au ciel, et leur langue parcourt la terre.
« C’est pourquoi son peuple en revient à ceci, quand on lui fait boire en abondance les eaux de l’affliction.
« Et il dit : comment le Dieu Fort connaîtrait-il, et comment y aurait-il de la connaissance dans le Très-Haut ? »
— N’est-ce pas là ce que tu sens, Georges ?