Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/295

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à fourneaux. Aucun puseyiste[1], aucun conservateur encroûté, ne se montra jamais plus inflexiblement attaché aux usages consacrés par le temps.

À son retour du Nord, Saint-Clair, frappé de l’ordre qui présidait aux détails du ménage chez son oncle, et se berçant de l’espérance illusoire d’aider Dinah dans ses arrangements, l’avait libéralement pourvue d’armoires et de buffets : autant eut valu en pourvoir un écureuil, ou une pie. Plus il y avait de tiroirs, de resserres, plus Dinah trouvait de cachettes pour les chiffons, les peignes, les vieux souliers, les rubans, les fleurs artificielles fanées, et autres articles de toilette qui faisaient ses délices.

Quand miss Ophélia entra dans la cuisine, Dinah ne se leva pas, et continua de fumer avec une tranquillité stoïque, suivant du coin de l’œil les mouvements de l’ennemi, mais absorbée en apparence dans l’inspection des travaux qui s’opéraient autour d’elle.

Miss Ophélia débuta par ouvrir le buffet. Dès le premier tiroir elle demanda :

« Que mettez-vous ici, Dinah ?

— Presque tout, pa’ce que c’est commode et sous la main. »

C’était en effet le réceptacle universel, à en juger par la variété de son contenu. Miss Ophélia en tira d’abord une belle nappe damassée, tachée de sang, qui avait évidemment servi à envelopper de la viande crue.

« Qu’est ceci, Dinah ? vous n’allez pas à la boucherie avec les plus fines nappes de votre maîtresse ?

— Oh ! Seigneur ! non, miss : comme y avait pas un seul torchon, j’ai pris la nappe ; mais je l’ai mise de côté pour la laver, et voilà pourquoi elle est là.

— Toujours et partout le désordre ! » se dit miss Ophélia, continuant l’inventaire du tiroir, où elle trouva une

  1. Disciples du docteur Pusey, qui a récemment ramené une portion de l’Église anglicane aux traditions et coutumes catholiques.