Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/296

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râpe à muscade, deux ou trois noix, un recueil d’hymnes méthodistes, un couple de madras sales, une pelote de laine et un tricot, un sac à tabac et une pipe, quelques pétards, une ou deux soucoupes de porcelaine dorée remplies de pommade, un ou deux vieux escarpins, un morceau de flanelle soigneusement attaché avec des épingles et renfermant de petits oignons blancs, plusieurs serviettes damassées, quelques gros torchons, des aiguilles à ravauder, et une foule de petits papiers déchirés, d’où s’échappait un déluge d’herbes aromatiques.

« Où tenez-vous vos noix muscades, Dinah ? dit miss Ophélia de l’air d’un martyr qui demande à Dieu le don de patience.

— Quasiment partout, miss. Y en a là-haut sur la planche, dans cette tasse fêlée, et aussi là dans l’armoire.

— Et ici dans la râpe, dit miss Ophélia les lui montrant.

— Eh Seigneur, oui ! je les y ai mises pas plus tard que ce matin. Il me faut mes choses sous la main, reprit Dinah. Allons, Jakes, que je te voie te reposer ! — Que je t’y prenne ! — Veux-tu bien rester tranquille ! — Et elle fit un plongeon avec sa cuillère de bois du côté du coupable.

— Qu’est ceci ? reprit miss Ophélia élevant la soucoupe de pommade.

— Ça ? c’est ma graisse à cheveux ! je l’ai posée là sous ma main.

— Et c’est à cela que vous employez les plus belles soucoupes !

— Seigneur ! j’étais-t-i pas dans mon coup de feu ! j’avais pas le temps de me retourner ! je vas justement l’ôter aujourd’hui.

— Et ces deux serviettes damassées ?

— C’est pour la lessive, un de ces jours.

— N’avez-vous donc pas d’endroit où mettre ce que vous devez donner à blanchir ?