Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/541

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genoux. — Graduellement la vision s’éclairait ; les épines s’allongèrent en rayons lumineux, et dans une ineffable splendeur, il vit la face divine et glorieuse se pencher sur lui, et une voix dit : « Celui qui vaincra s’assoira sur mon trône avec moi ; car moi aussi j’ai vaincu, et je suis assis à la droite de mon Père. »

Combien de temps Tom resta là, il ne le savait pas. Quand il revint à lui, le feu s’éteignait, ses haillons étaient trempés d’une rosée glaciale ; mais la redoutable crise était passée ; et dans la joie qui l’inondait, il ne sentait plus ni faim, ni froid, ni abjection, ni abandon, ni misère. Du plus profond de son âme, à partir de cette heure, il secoua tous les liens terrestres, se sépara de toutes les espérances de la vie présente, et offrit sa volonté propre en holocauste à l’Infini. Tom contempla, sur la voûte sans bornes, les silencieuses et immortelles étoiles, — imparfaites images des myriades d’êtres angéliques dont les regards s’abaissent sur l’homme ; et la nuit résonna des paroles triomphantes d’un hymne qu’il avait chanté souvent en de plus heureux jours, mais jamais avec une telle plénitude de joie :

La terre fondra comme neige,
Et le soleil s’éclipsera ;
Mais le Seigneur, qui nous protège,
À ma droite se lèvera !
Quand mon existence mortelle,
La chair, les sens disparaîtront ;
Sans voile, la gloire éternelle,
Viendra rayonner sur mon front.
Des milliers de millions d’années,
Devant nous passeront en vain ;
Nos bienheureuses destinées
Jamais ne connaîtront de fin.

Pour peu qu’on soit au fait des histoires religieuses