Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/563

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Voyez comme son cheval s’est couvert de boue, à force de se vautrer dans le marais ! Les chiens aussi ont l’oreille basse. Ah ! mon bon maître, vous aurez à recommencer la course plus d’une fois : — le gibier n’est pas là.

— Oh ! de grâce, pas un mot ! dit Emmeline. S’ils vous entendaient ?

— S’ils entendent quelque chose, ils se tiendront d’autant plus à l’écart, reprit Cassy. Il n’y a pas de danger : nous pouvons faire tout le bruit qu’il nous plaira ; l’effet n’en sera que meilleur. »

Enfin, à minuit, le silence se rétablit dans la maison : Legris se coucha maudissant sa mauvaise chance, et jurant de se venger le lendemain.


CHAPITRE XLI.

Le martyr.


Ne crois pas que le ciel oublie
Le juste, qui, privé des plus vulgaires dons,
Doit épuiser les maux de son obscure vie,
Et, repoussé du pied, endurer les affronts.
Dédaigné de l’homme, qu’il meure !
Au ciel s’ouvre une autre demeure,
Là, chacun de ses pleurs compté
Prépara la joie immortelle
Où son Dieu, son sauveur l’appelle
Pour l’ineffable éternité.

Bryant.


La plus longue route a son terme ; — la plus obscure nuit voit naître une aurore. Les heures, dans leur inexorable fuite, entraînent sans cesse le jour du méchant vers d’éternelles ténèbres, la nuit du juste vers un jour sans limites. Nous avons accompagné les pas de notre humble ami le long de la vallée de l’esclavage, traversant avec lui, d’abord les champs fleuris de l’aisance et de l’affection ; puis, témoins de sa déchirante séparation d’avec tout ce qui est cher à l’homme, nous nous sommes arrêtés avec lui