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Page:Beecher Stowe - La fiancée du ministre, 1864.djvu/34

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ombragé de boucles d’un noir de jais, des yeux bruns et vifs, une bouche ferme et décidée, donnaient l’idée d’un homme qui avait engagé la bataille de la vie non-seulement avec une volonté résolue, mais encore avec une sagace habileté.

Il entra en conversation en passant les bras autour du cou de Marie et l’embrassant :

« James ! s’écria Marie en rougissant. Te voilà donc ?

— Sans doute, que me voilà, » dit le jeune homme en posant le coude sur l’appui de la fenêtre et regardant sa cousine avec un air de franchise comique et résolue, empreint cependant d’une si loyale honnêteté, qu’il eût été difficile à celle-ci de se fâcher. « Le fait est, Marie, ajouta-t-il tandis que son front s’assombrissait soudain, que je suis las de toutes ces grimaces. Ma tante me tient à distance et a toujours l’air de se méfier de moi depuis mon retour, et qu’ai-je fait pour cela, s’il vous plaît ? N’ai-je pas été à l’office aussi régulièrement qu’un livre de psaumes ? On ne m’a pas seulement laissé causer une seule fois avec toi ; je n’ai pas même eu la chance de te donner le bras en revenant de l’église. Ma tante Katy vient toujours se mettre entre nous deux en disant : « Allons, Marie, prends mon bras. » À quoi bon alors aller au sermon, et risquer de me briser les mâchoires en renfonçant mes bâillements ? Je ne m’endors même pas, et voilà comme on me traite ! C’est par trop fort aussi ! Qu’ai-je fait ? Que peut-on dire contre moi ? Ne suis-je pas toujours venu te voir depuis que tu étais haute comme mon genou ? N’est-ce pas moi qui te conduisais à l’école dans mon traîneau ? Ne faisions-nous pas nos devoirs ensemble ? N’allais-je pas toujours te chercher à la classe de chant, et n’étais-je pas libre d’aller et de venir ici comme si j’étais ton frère ? Et aujourd’hui voici ma tante qui se tient là roide et guindée, et qui ne bouge pas de la chambre une seule minute tant que j’y suis, comme si elle avait peur que je ne fisse quelque sottise. Encore une fois, c’est par trop fort !

— Ô James ! je suis fâchée d’apprendre que tu ne vas au sermon que pour me voir ; les choses religieuses ne t’inté-