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Page:Beecher Stowe - La fiancée du ministre, 1864.djvu/35

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ressent pas, et puis ma mère pense que maintenant que je suis grande… enfin, tu dois comprendre que ce n’est plus la même chose que quand nous étions enfants. Mais je voudrais te voir t’intéresser aux choses saintes.

— Je m’intéresse à quelques-unes, Marie, principalement à toi qui est la plus sainte que je connaisse. En outre, dit-il vivement et en regardant attentivement la figure de sa cousine pour voir l’effet que produiraient ses paroles : ne trouves-tu pas qu’il y a plus de mérite à moi d’écouter ces sermons qui m’ennuient si prodigieusement, qu’à toi et à ma tante Katy qui semblez vraiment y trouver quelque plaisir ? Je crois, ma parole ! que vous avez un sixième sens qui m’est tout à fait inconnu, car pour moi cela me semble un vrai galimatias, je n’y comprends goutte, il nous dit vous pouvez et vous ne pouvez pas, vous ferez et vous ne ferez pas, vous voulez et vous ne voulez pas…

— James !

— Voyons, ne me regarde pas ainsi. Je n’en dirai pas davantage. Mais sérieusement, tout cela me paraît étrangement confus, ne me touche pas, ne m’avance à rien, et me rend plutôt pire que meilleur. Et alors ils viennent me dire que c’est parce que je suis un homme naturel, et que l’homme naturel n’entend pas les choses de l’esprit. Eh bien, oui, je suis un homme naturel ; que veulent-ils que j’y fasse ?

— Tu pourrais ne pas parler partout comme tu fais. Tu plaisantes, tu te moques de façon à faire penser à tout le monde que tu ne crois plus à rien. J’ai peur que ma mère ne te regarde comme un incrédule ; je sais bien que cela n’est pas possible, cependant on nous rapporte de toi toutes sortes de discours étranges.

— Je suppose que tu veux parler de ce que j’ai dit au diacre Twitchel, que j’avais trouvé d’aussi bons chrétiens parmi les mahométans qu’à Newport. Si tu avais vu quels yeux il a ouverts ! Et cependant c’est vrai.

— Dans toutes les nations, celui qui fait le bien et qui craint Dieu est accepté de lui, dit Marie, et s’il y a de meilleurs chrétiens que nous parmi les mahométans, j’en suis