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Sur ce meuble unique, Madame Steeger dépose solennellement du lait et du café, aidée par sa fille Lizzie, une exquise petite fleur d’Allemagne dont nous emporterons un souvenir charmé.

Puis l’on sort pour une longue promenade, pèlerinage aux tombes de Wagner et de Litz, excursion aux jardins de feu la joyeuse Margrave ou seulement pour le plaisir de marcher un peu, de respirer l’air tiède de ce ciel de Franconie mélancolique et voilé. Puis c’est le déjeûner qui n’est jamais à Bayreuth « l’heure délicieuse », où l’on fait connaissance avec tous les produits de la cuisine locale : compotes au jus de citron et ragouts mystérieux. Après le déjeûner l’on rentre au logis. Alors tout pour l’art. L’on se réunit chez Magdeleine. Chacun prend la place qui convient le mieux à sa disposition particulière, et Miss, au milieu du grand silence, lit l’analyse de l’œuvre que nous écouterons le soir. Et puis, c’est la montée lente et silencieuse, sous le tiède soleil vers le théâtre rose où nous allons entendre ce qui faisait dire à Lisiz : « Ce ne sont pas des chefs-d’œuvre, ce sont des miracles ».

Sur la terrasse qui s’étend devant le théâtre, en attendant le signal pour entrer, nous avons passé des heures charmantes. Rois, musiciens, prin-