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Page:Belleau - Œuvres complètes, t. 1, éd. Gouverneur, 1867.djvu/241

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DE SA MAISTRESSE.

Que du lis la teste panchee
De l’ongle seulement touchée
Tombant sur terre le pourrist.


Le peu durer ne m’est estrange ,
le sçay le iournalier eschange
Des choses qui font fous les cieux ,
Et que le printemps de nostre âge
Coule aussi tort que fait l’image
D’vn songe qui trompe nos yeux.


le le puis maintenant connestre :
Car cela que ie pensois estre
En ma MaistrelTe moins mortel,
le l’ay veu comme vne fumée
Au vent se pert en l’air femee,
En peu de temps fe rendre tel.


Mais quoy : la beauté dont la Grèce
Anima la prompte ieunesse
A sacquer les armes au poing.
Et celle dont le Peleïde
Eult meurdry le superbe Atride
Sans Pallas qui le print en soing,

 
A-t-elle pas de grand’ foiblefTe
Porté le mafque de vieilleffe,
La voix cafl’e , étiques les bras ,
Porté, traîné de main tremblante
La crofTe mefme chancelante
Sous l’inconftance de fes pas :


Le Temps qui tout frappe à fa marque
Les chargea toutes dans la barque
De ce barbare passager,

I. 12