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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/103

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MADEMOISELLE GIRAUD

de tout autre à ma place) de ne pas me résigner à mon triste sort sans avoir livré quelque bataille décisive. Le jour de ma défaite, j’avais eu à combattre un ennemi sur ses gardes. Le verrou tombé tout à coup sur le tapis avait annoncé ma prochaine arrivée, comme une détonation, sur les remparts, annonce aux assiégés un prochain assaut. Paule s’était aussitôt armée de pied en cap, elle avait rangé ses batteries, et dès que j’avais eu l’imprudence d’apparaître, elle avait fait feu de toutes pièces et j’étais tombé meurtri sous ses coups. Il s’agissait, cette fois, de surprendre l’ennemi, la nuit, pendant son sommeil, lorsqu’il se serait débarrassé de ses armes et de tout son attirail guerrier.

J’étais décidé à ne lui faire ni grâce, ni merci ; à ne me laisser attendrir ni par ses cris, ni par ses menaces, ni par ses prières ; d’être résolu et énergique, quoi qu’il pût arriver ; et de remporter une de ces victoires tellement éclatantes que le vainqueur est absous devant l’histoire des ruses de guerre dont il s’est servi.

Ce n’est pas sans une certaine émotion, que je vis approcher l’heure fixée pour cette grande bataille ; je savais qu’elle devait avoir une importance capitale. Lorsque deux adversaires combattent, en champ clos, à armes