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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/104

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MA FEMME

égales, en plein soleil, le vaincu ne se sent pas humilié ; il peut le lendemain envoyer un nouveau cartel et on le doit accepter. Mais si l’on attaque nuitamment un ennemi surpris et désarmé, on doit vaincre ou renoncer à une lutte devenue impossible.

Aussi ne négligeai-je rien pour m’assurer un éclatant triomphe ; je pris mon temps, mon heure, et je poussai l’habileté jusqu’à essayer de deviner la tactique qu’emploierait mon adversaire pour me résister, le genre de défense qu’il imaginerait, les ruses qu’il opposerait aux miennes.

Ma femme, ce jour-là, s’était retirée dans sa chambre vers onze heures ; je fis comme elle et je passai dans mon cabinet. J’attendis longtemps que tous les bruits de la maison eussent cessé, que toutes les lumières se fussent éteintes ; puis, vers une heure du matin, je traversai doucement le salon, et j’entrai dans la chambre nuptiale, sans avoir rencontré le moindre obstacle. La porte, en se renfermant, ne fit aucun bruit. Une veilleuse suspendue au plafond répandait autour de moi une douce et mystérieuse clarté. Mon regard se porta vers le lit.

Paule dormait. Son visage était tourné de mon côté ; un de ses bras, nu, gracieusement arrondi, reposait sur