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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/106

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MA FEMME

bras était toujours replié sur sa tête, ses jambes s’entrecroisaient gracieusement, mais ses yeux grands ouverts étaient fixés sur moi, et elle riait, elle riait !

Alors je pris mon élan et m’élançai sur le lit. D’un bond, je me trouvai debout, au pied.

Me voyez-vous, mon cher ami, dans cette posture et le costume que vous supposez, grand comme je le suis, le visage à moitié perdu dans les rideaux. Vous me trouvez bien ridicule, n’est-ce pas ? et dire que j’avais encore à franchir la distance comprise entre les pieds et la tête d’un lit.

J’entrepris ce voyage.

Paule riait toujours. Enfin je me courbai, je soulevai la couverture, je la ramenai sur moi et je m’étendis tout de mon long. Ah ! quel lit ! comme il était grand ; j’avais pu y prendre place sans que Paule se fût dérangée. Comme il était moelleux, comme je l’avais bien choisi !

Paule ne riait plus ; elle me regardait. Je la regardais aussi, sans oser encore bouger de ma place. N’étais-je pas maître de la situation, la victoire n’était-elle pas certaine ?

Eh bien, non telle ne l’était pas. J’étais préparé à tout, excepté au silence obstiné de ma femme, à son impassibilité

6.