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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/107

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MADEMOISELLE GIRAUD

glaciale. Je croyais rencontrer un adversaire qui allait se plaindre, m’insulter, combattre ; j’étais prêt à la lutte et j’en serais sorti victorieux.

Mais ces deux grands yeux qui me regardaient avec une opiniâtre fixité, ces lèvres obstinément fermés, ce corps insensible, inerte, inanimé en quelque sorte, me glacèrent à mon tour. Mes belles résolutions s’évanouirent.

Oh ! elle savait bien ce qu’elle faisait, on lui avait indiqué la conduite à tenir vis-à-vis de moi. On lui avait dit :

« Plus un homme est amoureux, plus il est facile à impressionner ; plus ses nerfs sont tendus, plus ils se détendent facilement à la moindre commotion nerveuse.

« Une émotion trop vive peut faire d’un athlète un enfant. Il vous défend de verrouiller votre porte, obéissez ; laissez-le pénétrer dans cette chambre qu’il ne veut pas vous abandonner, dormez sur vos deux oreilles, il n’est pas à craindre, vous n’avez rien à redouter de lui. Il reconnaîtra de lui-même l’inutilité de ses visites clandestines, il rougira de sa défaite et ne s’exposera plus à jouer auprès de vous un rôle ridicule. »

Celle qui osa tenir à Paule ce langage avait raison. Elle connaissait à ravir les défectuosités de notre pauvre